Une proportion non-négligeable des Français se déclare en faveur d’une rémunération de leur salaire en cryptomonnaie. C’est le résultat surprenant d’une récente étude IPSOS pour Payfit. Recevoir son salaire en cryptomonnaie pourrait-il devenir une vraie tendance à l’avenir ? Quelques éléments semblent l’indiquer.

31 % des jeunes Français favorables à une rémunération en crypto

Malgré un marché des cryptomonnaies en dents de scie, les actifs numériques jouissent encore d’une certaine attractivité dans l’hexagone. C’est ce que révèle une enquête commandée par Payfit (une entreprise française de logiciel de paie), à propos du rapport qu’entretiennent les Français avec la paie et leur salaire. Premier constat : une grande majorité des salariés ne comprennent pas leur fiche de paie. Un résultat peu surprenant quand on sait que les bulletins de paie français sont parmi les plus complexes d’Europe, avec 40 lignes en moyenne !
Mais un autre résultat interpelle : 20 % des Français seraient ouverts près d à un versement d’au moins une partie de leur salaire en cryptos. Volonté de se passer des banques ? Recherche de diversification de l’épargne face à l’inflation ? Si les motivations des sondés restent floues, le chiffre confirme une curiosité tenace pour les actifs numériques. « J’ai du mal à interpréter cela », admet lui-même le directeur général de Payfit dans une interview accordé au journal Les Echos.

Les jeunes plus ouverts à recevoir un salaire en cryptomonnaie

L’intérêt envers le versement d’un salaire en cryptomonnaie se retrouve plus particulièrement chez les jeunes actifs (18-35 ans). Ils sont en effet 31 % à se déclarer enthousiastes à l’idée de recevoir une partie de sa rémunération via la blockchain. Face à un tel engouement, il est logique que les professionnels du paiement appellent à la prudence. « Cette génération […] est-elle pleinement consciente des risques de volatilité inhérents à ce type d’actifs ? » se questionne à nouveau le chef d’entreprise. Selon lui, le phénomène s’inscrit dans un contexte plus général de profonds bouleversement du rapport au travail et à l’argent :

Le monde du travail connaît une mutation sans précédent liée aux évolutions technologiques, sociétales et environnementales, c’est un fait. Depuis l’arrivée sur le marché du travail de la génération Millennials, née dans les années 80, puis des digital natives, nous observons une mutation lourde et lente du rapport au travail et plus généralement de la place du travail dans la vie.

Amaury Lelong, Directeur Général de Payfit, dans Les Echos

Le contexte économique difficile en France joue-t-il un rôle dans l’intérêt envers les cryptos-actifs ? On peut en tout cas estimer que l’exposition au risque et à l’investissement se transforme à mesure qu’une inflation à deux chiffres semble s’installer durablement dans le pays. Ce n’est donc peut-être pas un hasard si les classes supérieures, moins impactées par l’augmentation des prix, se déclarent opposé aux salaires en cryptos. On les retrouve en effet en grande partie dans la cohorte des réticents :

Ce sont les actifs travaillant dans une grande entreprise (83% de ceux qui
travaillent dans des structures de 500 salariés et plus) et les CSP+ (79%) qui y sont les plus
réfractaires.

Décryptage de la paie par les salariés français, Ipsos Digital pour PayFit, 2023

Une pratique plus répandue dans d’autres pays

Recevoir des bitcoins ou d’autres cryptos en guise de salaire n’est plus si rare dans d’autres pays, notamment anglo-saxons. Ainsi, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande ou encore les États-Unis font partie des précurseurs en la matière. Le maire de Miami avait déclaré recevoir son salaire en bitcoins. Mais ce sont les stablecoins qui semblent les plus intéressants pour les paiements des salaires, en raisons des garanties qu’ils offrent. Adossé au dollar, l’USDT permet ainsi de passer outre la volatilité importante des cryptos, peu adaptées au versement d’une rémunération fixe et régulière.

Recevoir son salaire en crypto, une bonne idée ?

À l’heure actuelle, il semble y avoir peu d’avantages à percevoir son salaire en cryptomonnaie. Une conséquence directe du manque d’offre de biens et services payables en cryptomonnaie. Mais cette situation pourrait évoluer rapidement. D’autant que les transactions via la blockchain présentent des atouts non-négigeables. Elles offrent en effet une rapidité des transferts, des coûts moindres, tout en améliorant la sécurité grâce au traçage sur le registre distribué
De plus, le développement du télétravail et des salariés détachés à l’étranger ouvre de nouveaux besoins en termes de transactions. Certains salariés full remote (100 % en télétravail) pourraient s’extraire des contraintes géographiques et des frais bancaires appliqués en dehors du pays de l’entreprise. Par ailleurs, les paiements en cryptomonnaie pourraient aussi favoriser l’inclusion financière et la collaboration entre personnes n’ayant pas de compte bancaire. . L’intérêt dans l’hexagone reste donc assez limité, puisque le taux de bancarisation avoisine les 99 %. Tandis que le taux de bancarisation dans le monde atteint seulement 65 % en moyenne.

Conclusion

En 2022 une enquête IFOP pour Cointribune montrait que la légitimité des Cryptomonnaies restait à construire chez les Français. Aujourd’hui, malgré la baisse du marché et le récent scandale FTX, l’intérêt du grand public envers les cryptomonnaies ne cesse de croître. Signe que le contexte économique instable renforce l’intérêt aux cryptos, jugées plus risquées, mais potentiellement plus rentables. Prêt à recevoir votre salaire en cryptomonnaie ?

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